NOTES

 

La phrase combine trois données. D'une part l'origine chaldéenne de l'astronomie et en particulier du zodiaque. En ceci elle est conforme au savoir de l'époque et, par exemple, à l'article ASTRONOMIE de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert - « L'Astronomie & l'Astrologie prirent donc naissance dans la Chaldée, au jugement du grand nombre des auteurs: aussi le nom de Chaldéen est-il souvent synonyme à celui d'Astronome, dans les anciens écrivains. » - ou à cette formule du Dictionnaire philosophique: « [les Chinois] n'ont rien pris du zodiaque chaldéen que nous avons adopté ».

Le mythe de l'origine pastorale de l'astronomie -l'image du berger insomniaque contemplant la voûte céleste-, cher aux romantiques, offre au Chataubriand du Génie du christianisme la matière d'une page remarquable (voir P. Albouy, La création mythologique, ouvrage cité, p. 370). Il n'est pourtant pas universellement accepté. Telle Histoire de l'astronomie moderne (Paris, 1785), conjecturant les étapes du passage de l'état de nature à la civilisation, écrit bien: « [...] on ne peut douter que les premiers hommes n'aient d'abord été chasseurs, ensuite pasteurs. [....] C'est dans cette seconde époque de la société que l'Astronomie a pris naissance; on convient généralement qu'elle est due au loisir des bergers. On a classé, nommé les objets, ou du moins quelques uns des objets qu'on avoit toutes les nuits sous les yeux: l'Astronomie a donc précédé l'Agriculture; elle s'est étendue avec cet art de première nécesité, elle est devenue plus importante en devenant utile. » Mais, dans le même temps, d'Alembert, à l'article déjà cité, met le sommet de la société, le pouvoir royal, à la source de l'observation du ciel: « A s'en rapporter aux anciens historiens, il paroît que des rois inventerent & cultiverent les premiers cette science: Belus, roi d'Assyrie, Atlas, roi de Mauritanie, & Uranus, qui régnoit sur les peuples qui habitoient les bords de l'océan atlantique, passent pour avoir donné aux hommes les premieres notions de l'Astronomie. » D'Alembert regarde comme fable, où rivalisent juifs, chrétiens et musulmans, l'attribution des premières observations aux préoccupations religieuses, et s'il descend vers le bas de la société pour lui en faire crédit, c'est au bénéfice des marins, dont « les navigations n'ont pu se faire sans quelque connaissance des astres  ».

Quant au rôle d'Anaximène dans l'astronomie, voir la note à « presque aussi grand que le Péloponèse » en I, 3, 4.